Introducing Disdancing, nouvel outil aux confins de la création et de la communication événementielles

Tristan Le Corre
13 min readJun 30, 2020

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Disdancing — by Shotgun

L’écosystème événementiel, on l’a vu dans nos deux articles précédents, connaît aujourd’hui un triple problème :

(i) modèle créatif obsolète

(ii) saturation des medium de communication

(iii) incompatibilité entre contenu événementiel et monde digital

Il ne faut ni se leurrer, ni s’auto-flageller trop longtemps. La création événementielle, comme artisanat de la performance éphémère, souffre du passage au digital. Les arts purement visuels, audio ou audio-visuels ont un avantage considérable sur les arts performatifs. Même dans ses rêves les plus fous (3D, réalité augmentée…), le digital n’imagine rien qui ne puisse frôler la matérialité de l’expérience événementielle. La performance éphémère semble être un bastion imprenable du réel.

Ceci dit, le digital a pris une place centrale dans nos sociétés. Il est dans tout. Il est partout. Il est devenu bien plus qu’un média. Bien plus qu’un outil de communication. Bien plus qu’un canal de distribution. Il s’est progressivement révélé au monde dans toute son intégralité : il est à la fois infrastructurel, virtuel, intermédiaire et central.

Pour nous il s’agit de répondre à la problématique suivante : comment permettre à la création événementielle de subsister dans ce nouveau monde ? Comment lui permettre de communiquer son essence propre ? Comment se servir du digital sans se compromettre mais pour au contraire sublimer la création événementielle ?

Vaste sujet qui pose la question du « comment » : quels outils, quelles plateformes, quelles médiations ?

C’est face au constat de l’absence désarmante d’outils adaptés que chez Shotgun nous avons commencé à poser les premières briques d’une plateforme dédiée à cette mission.

Les outils existants placent la distribution avant la création

Reformulons la mission : comment permettre aux artisans de l’événementiel, producteurs et organisateurs, d’exprimer simplement leur talent, de créer et diffuser du contenu propre et multi-dimensionnel, pour forger progressivement une communauté ?

Le problème actuel, c’est que les outils mis à disposition des créateurs sont structurellement construits pour la distribution. Les réseaux sociaux , et quel que soit le format qu’ils valorisent : Facebook, Instagram, TikTok… Les médias traditionnels dont le modèle économique a évolué ces dernières années vers une systématisation du contenu sponsorisé. La newsletter ou tout autre type de mailing. Et bien sûr; les services de billetterie classique, par définition.

Or, la distribution, en tant qu’écosystème économique, optimise — et c’est légitime — sa propre chaîne de valeur. Elle est structurée pour générer une portée maximale (le reach), toucher un maximum de personnes qu’elle s’efforce ensuite de convertir, étape après étape, en clients. Atteindre et convertir. Quel que soit l’objet distribué. La raison à tout cela est simple. Il s’agit du modèle économique de la distribution : la distribution vend de l’intermédiation à grande échelle. Si la complexité d’un produit nuit à la conversion, elle le simplifie. Si un produit est multi dimensions, elle n’en garde qu’une. La distribution est un paradigme de simplification et de fluidité. Quand la création, elle, est parfois complexe, souvent matérielle.

Modèle de la distribution : atteindre et convertir. Quel que soit l’objet distribué

Le modèle, la mission même de la distribution la fait tendre structurellement vers le client final, le consommateur, le user. Les grandes plateformes de distribution sont des machines de guerre B2C pour parler en termes métier. Au détriment souvent du B2B.

Le modèle de la distribution en une image

Les outils de distribution excluent par nature la création de leur focus business. Ils ne sont conçus ni pour les créateurs ni pour la démarche créative. Mis par défaut à la disposition des créateurs, ils leur imposent leur biais : la distribution. Là réside le problème. De la confusion entre distribution et création naît la frustration de tout un écosystème.

L’enjeu premier : remettre à disposition des outils essentiellement créatifs

Pour ce faire il est nécessaire de partir de l’essence de l’art événementiel. L’art événementiel est éphémère, matériel et multi-dimensionnel — en ce qu’il convoque plusieurs domaines à la table de la création. Nous en avons longuement parlé dans un article dédié à la nature profonde de l’événement. Par ailleurs, et c’est précisément ce qui nous intéresse ici, l’événement est une performance. Le créateur est intrinsèquement, physiquement lié à sa création. Il ne peut s’en échapper. Lors des événements, l’oeuvre en soit est un artiste qui performe. L’une n’existe pas sans l’autre. C’est là toute la singularité du live.

On ne parle donc pas simplement de photographie, d’écriture ou même de musique. Ces typologies de création existent toutes séparément de leurs créateurs. Elles subsistent. Elles résistent au temps. Elles sont accessibles à quiconque souhaite en faire l’expérience à n’importe quel moment de la journée, de la semaine, de l’année, de la vie. Satanée evanescence de l’événement !

Ainsi, en tant que performance live, la création événementielle est par définition une interaction. Première conclusion limpide, presque évidente : les nouveaux outils à créer doivent permettre aux artistes de performer et d’intéragir avec un public. Il s’agit d’un enjeu simple mais primordial. On l’a expliqué dans l’article précédent : la clef de la réussite d’un créateur réside dans sa capacité à bâtir une communauté. Bonne nouvelle : le communautaire est profondément ancré dans le monde événementiel. Il est à son fondement. C’est un de ses « avantages comparatifs » de l’événementiel par rapport à d’autres démarches artistiques comme l’écriture, la peinture ou même la composition musicale, qui elles tendent à forcer l’artiste à s’isoler du reste du monde pour rester seul face à son oeuvre, jusqu’à la dernière lettre, le dernier coup de pinceau, la dernière note. C’est la différence entre les oeuvres finies donc éternelles et les oeuvres vivantes donc mortelles.

Le communautaire est profondément ancré dans le monde événementiel

Au-delà d’un critère performatif, les nouveaux outils doivent faciliter la production d’un contenu à la fois qualitatif mais surtout récurrent. Assumons le terme : « quantitatif ». La fréquence est fondamentale pour générer l’engagement du public. L’engagement — au sens commitment — de l’artiste provoque l’engagement de son audience. C’est une boucle vertueuse d’investissement mutuel. Ces nouveaux outils doivent aussi permettre aux créateurs de passer du format gratuit — qui concerne la majorité du contenu — au format payant sur une catégorie de contenus bien définis.

“Skin in the Game”

Enfin, à l’ère où les communautés adhèrent autant à la personne qui crée qu’au produit de sa création, il est nécessaire de construire des outils qui permettent au créateur d’exprimer clairement son identité, ses valeurs, son projet. A mon sens, l’écosystème événementiel est trop désincarné. On ne sait que trop rarement qui se cache derrière un festival, un club ou même un collectif. Cette prise de responsabilité artistique est cruciale aujourd’hui. C’est ce que Nassim Taleb appelle mettre sa peau en jeu dans son ouvrage homonyme, Skin in the Game.

L’écosystème événementiel est trop désincarné

Les outils existants, on l’aura compris, ne sont pas adaptés à ces besoins, ces enjeux, cette nouvelle problématique. Faute d’outils efficaces, mêmes de très gros producteurs d’événements historiques font face à un problème d’engagement de leur communauté. Ils n’arrivent parfois plus à convertir leurs milliers de fans composant leur communauté en acheteurs de billets !

Disdancing : nouvel outil au service de la création événementielle

Pour celles et ceux d’entre vous qui ont lu ma série d’article Shotgun vs. COVID19, peut-être posez vous la question : ai-je une idée derrière la tête ? La réponse est oui. Shotgun a lancé un nouvel outil il y a maintenant quelques semaines. Une plateforme dont je suis personnellement fan et que j’utilise désormais tous les weekends. Cette plateforme, c’est Shotgun Disdancing.

Shotgun Disdancing est une plateforme d’événements virtuels, multi-dimensionnelle. Disdancing vise avant tout à générer cet engagement, cette boucle rétroactive entre un artiste et son public via une performance. Nous l’avons bâti en suivant plusieurs axes.

Expérience de l’artiste d’abord. Elle est la pierre angulaire de toute la plateforme. Notre prisme initial. Car comment faire vibrer un public si l’artiste n’est pas à l’aise, tout simplement ne le sent pas ? C’est impossible. Pendant le confinement, tous les DJs avec qui j’ai pu échanger m’ont exprimé leur manque terrible de performer en live ; au-delà de l’aspect évident de communion avec le public, la simple expérience individuelle de monter sur la stage, de toucher des platines, de prendre des retours, de se faire vibrer avec ses propres basses.

Le produit commence avant le produit. Pour permettre aux artistes de s’exprimer dans les meilleures conditions, nous avons fait deux choses. Première chose : en partenariat avec certains de nos clients, nous avons réinvesti les lieux (Glazart, Souq, Baou, Bon Air…). Si l’on souhaite éviter le mix-canapé qui peut endormir l’artiste comme les viewers, il n’y a pas de miracle que le digital puisse produire : il faut réinvestir le réel en amont des plateformes. En réinvevestissant des lieux adaptés à sa performance, nous avons réussi à replacer l’artiste dans un contexte propice à son expression. Les retours des artistes sont d’ailleurs quasi-unanimes : ils passent un moment incroyable, ils retournent à l’essence de leur artisanat.

Deuxième chose : étant donné que les lieux adaptés ne sont pas ouverts tout le temps ni à tous, nous avons décidé de créer un Studio dans nos propres bureaux. Ouvert à tous, presque tout le temps, gratuit. L’objectif étant de permettre à n’importe quel artiste, connu ou non, professionnel ou non, de venir vivre une expérience matérielle de mix et de la diffuser auprès de sa communauté via Disdancing.

Welcome to Shotgun Studio

En ne tombant pas dans le piège du digital qui consiste à penser 100% d’un produit en pixels, en réinvestissant les lieux et en en créant un nouveau, nous avons non seulement réussi à procurer aux DJs les sensations nécessaires à leur expression artistique, mais nous avons aussi réussi à donner à Disdancing cette aspérité physique, cette matérialité si singulière à l’événementiel.

Disdancing : un espace multi-stages

Cette matérialité a constitué notre axe de design essentiel. Il s’agissait de créer un espace à part entière. Projeter au maximum de notre capacité le monde réel sur une plateforme virtuelle. Que le lieu de performance et les lieux de viewing se retrouvent et ne fassent qu’un sur Disdancing. Nous avons donc construit un labyrinthe, avec différents endroits, différents espaces, chacun dédié à un format d’expression particulier, à un format de rencontre ou d’intéraction. Sur Disdancing, il y a donc des stages — là où l’artiste performe en live ; comme lors d’une soirée ou d’un festival, le public peut passer d’une stage à l’autre, au gré de son désir de BPM…

Toilettes, stages et wall of fame

Sur Disdancing on retrouve des rooms, lieux de sociabilité par excellence : le public s’y retrouve, face caméra, micro branché ou non, messages privés ou publics. C’est là que les individus, les identités se rencontrent et communient. Le wall of fame quant à lui donne l’occasion aux danseuses et danseurs de se laisser aller au bout de leur intensité, d’exprimer leur vibe aux yeux de tou.te.s. Un bar permet à quiconque le souhaite d’acheter une boisson virtuelle : l’argent lui, ne l’est pas virtuel ; il est reversé sous forme de dons à l’intégralité des acteurs de l’événements : artistes, organisateurs, producteurs… Enfin des toilettes (si si !!) permettent aux viewers l’essentiel : les décorer à leur effigie de dessins — la vraie fonction universelle des toilettes.

Boissons virtuelles et donations

Cette expérience multi-dimensionnelle confère à Disdancing un réel format immersif. On rentre dans un « espace » à proprement parlé ; un espace au design léché — qui occupe toute sa fenêtre — et donne ainsi aux participant.e.s le sentiment de se retrouver et de naviguer dans quelque chose de concret, de matériel… Un endroit au sein duquel on a envie de rester. Le public assiste à des performances artistiques live, interagit avec l’ensemble des autres participant.e.s via de multiples formats, s’exprime physiquement, visuellement… Il peut aussi interagir en direct avec les artistes et les organisateurs, repérables sur la plateforme grâce au badge que Shotgun leur attribue. Cette proximité retrouvée avec les DJs boucle d’ailleurs la boucle de l’expérience du point de vue de l’artiste.

Résultat de tout ça : les participant.e.s à un événement restent plus longtemps dans le stream contrairement à un stream Facebook par exemple où l’on rentre et sort comme dans un moulin. Les gens échangent entre eux, rencontrent des nouvelles personnes, intéragissent avec organisateurs et artistes. Un public qui s’engage. Engagement duquel émerge un lien fort avec le projet événementiel, la marque événementielle…

L’enjeu pour nous était donc d’imaginer l’outil qui permettrait de respecter l’essence de la création événementielle pour la sublimer en tant que création artistique singulière. Une création qui prendrait la forme d’une performance dans le cadre d’une intéraction éphémère avec un public. Deux mois après un lancement des plus organiques, nous réalisons que nous avons permis à l’écosystème de vivre une expérience sociale répondant aux besoins profonds de l’écosystème (tant côté artiste que côté fêtards) auxquelles les plateformes traditionnelles ne répondent plus.

Sens communautaire retrouvé, libération des identités, pluralité d’intéractions sociales au sein d’un même espace, goût des artistes retrouvés pour la performance… en remettant volontairement le digital à sa bonne place, nous avons construit ce que fondamentalement nous voulions : un média au service du réel.

Shotgun a été et restera une porte vers le réel, vers l’expérience. Application, site web, logiciel… on ne parle ici que d’outils dont le seul et unique objectif est de rassembler artistes et public autour d’une expérience commune.

Au même titre, Disdancing est une porte d’entrée, une fenêtre vers. Pas une fin en soit.

A ce titre, cette plateforme ouvrant de nouvelles potentialités de création, d’intéraction, de distribution et de communication pour les artistes, les organisateurs, mais aussi les producteurs ou les labels.

Repenser complètement la communication événementielle

L’acte créatif de notre écosystème repose fondamentalement sur l’événement. Cette échéance payante, qui oblige malheureusement le créateur à subir un rapport marchand quasi permanent avec son public. Par conséquent, quel que soit le moment ou le media utilisé, la communication d’un producteur a systématiquement comme projet de vendre l’accès à l’événement, à savoir un billet. Cette relation marchande systématique conditionne le public. Il sait que chaque mail, chaque newsletter, chaque post aura pour objectif de l’inciter à sortir sa CB. Et le plus vite, le mieux, car les tarifs augmentent de façon dynamique d’early birds en regular au fur et à mesure que l’on s’approche de la date butoir. Une incitation à l’achat accéléré qui peut avoir l’effet inverse de saturation. Ce modèle semble aujourd’hui dépassé. Epuisé. L’enjeu est aujourd’hui double : il s’agit à la fois de replacer la création artistique événementielle au coeur mais aussi et surtout de réinventer une communication non-marchande autour de l’événement.

La relation marchande systématique entre les organisateurs et leur communauté conditionne le public

En effet, la communication doit d’abord se mettre au service de la création. La communication communique. Elle transmet. Elle est un vecteur. Pas le coeur du projet événementiel.

Par ailleurs, et c’est notre point ici, la création événementielle doit communiquer en dedans mais aussi en dehors, autour du cycle de vente ; afin de démonétiser, de dé-marchandiser la relation entre créateurs et publics. Voici comment Disdancing peut aujourd’hui accompagner un organisateur dans une démarche de communication axée sur création et relation non-exclusivement marchande.

En dehors du cycle événementiel, à n’importe quel moment de l’année ou de la journée, Shotgun Disdancing peut être utilisé par un organisateur afin d’engager son public, de le fidéliser. Création d’un micro-event, prise de parole entrecoupé de sets, présentation de nouveaux artistes, sessions questions-réponses avec son public… les potentialités sont innombrables et peuvent permettre à un organisateur de tisser un lien unique et de long-terme avec sa communauté. L’écouter, prendre la température de ses émotions, de ses attentes…

Pendant le cycle événementiel, avant ou après le lancement de la billetterie, Disdancing apparaît comme un outil de communication particulièrement pertinent. Un organisateur peut s’en servir pour créer de la curiosité autour d’un festival à venir par exemple ; diffuser une série d’événements virtuels teasing en amont de l’événement sur un format « road to my event » ; des « focus artistes » pour faire découvrir un line-up audacieux… Dans ce cadre là, l’achat de billet n’est plus vécu comme une incitation forcée par le public, mais comme un choix profond lié à une excitation réelle — un espace de billetterie classique étant bien sûr accessible sur Disdancing.

Le jour J arrivé, un organisateur peut organiser un before digital quelques heures avant l’ouverture des portes pour chauffer un public potentiel de dernière minute et faciliter les interactions sociales une fois les participant.e.s sur place grâce à un premier échange sur Disdancing

Pendant l’événement même, une retransmission en direct sur Disdancing pour permettre à un organisateur d’élargir sa zone de « chalandise » au sein de sa propre communauté ou même auprès de nouveaux publics en ajoutant une audience digitale à l’audience présente à l’événement… audience peut être physique au prochain ! En cas d’événement sole-out, Disdancing peut même permettre à un public frustré de vivre en direct une expérience malheureusement ratée.

Après un événement, un organisateur peut décider de diffuser les lives en replay pour garder le contact avec son nouveau public et en dire un peu plus sur son identité événementielle, son projet moyen terme et ses prochains événements à venir.

MASTERplano — Disdancing in Brazil 🇧🇷

Présents en Inde, au Brésil, en Europe du Nord, bientôt au Royaume-Uni, en Espagne et partout en Europe, Disdancing est une plateforme d’un type nouveau simplifiant la création et la diffusion d’une performance artistique et permettant aux organisateurs de générer du plaisir chez leur public et d’accroître ainsi l’engagement de leur propre communauté.

ALTERED TV — Disdancing in India 🇮🇳

Depuis ses début, Shotgun a toujours fait le choix de réfléchir à l’écosystème événementiel bien au delà de la billetterie. La billetterie est un simple maillon d’une chaîne de valeur immensément riche. De fait, Shotgun est la seule solution qui propose aujourd’hui aux producteurs un dispositif intégré, 360° et adapté aux nouveaux comportements d’une génération complexe et mouvante.

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Tristan Le Corre
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Written by Tristan Le Corre

Co-founder & CEO @_Shotgun, Music & Party lover, Musician (sometimes), Food enthusiast. Building Shotgun is how I cure my dopamine addiction

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